Tête de Bodhisattva de Hadda Afghanistan, site de Hadda
Monastère de Tapa-i-Kafariha, chapelle K 33 Epoque kouchane (Ier-IIIe siècle) IIe-IIIe siècle Terre polychrome H : 37,3 cm Mission Barthoux DAFA 1928 MG 17291
Le front large, les traits réguliers, le nez fin, le menton volontaire, cette tête de bodhisattva ou « être de compassion », à la chevelure libre nouée sur le sommet du crâne, est empreinte d’une grande noblesse. D’une facture expressive visant le réalisme, les traits de ce visage, la finesse accrue dans le traitement de la bouche, délicatement ourlée, et les yeux grands ouverts, confèrent à ce masque une expression songeuse, renvoyant à l’époque hellénistique. De telles réminiscences grecques, que l’on pense être la conséquence des conquêtes d’Alexandre le Grand, sont caractéristiques de cette école du Gandhâra dans sa version afghane. Ces éléments définissent la production de la statuaire locale, qui connut un grand développement sur le site de Hadda où cette pièce a été exhumée.
Ce visage est modelé en terre crue, séchée puis peinte comme le montrent les traces de polychromie ; il procède d’une technique qui autorise l’acuité de l’expressivité et du réalisme dépassant celle du schiste ou du stuc.
Cette tête provient du monastère de Tapa-i-Kafariha, où des programmes de grandes sculptures bouddhiques, assises ou debout constituent le décor des différentes chapelles. Les figures qui occupaient ces scènes devaient occuper les parties supérieures où des épisodes de la vie du Buddha étaient illustrés et se déroulaient au fur et à mesure du passage des fidèles. Ce visage témoigne d’un retour à la tradition grecque, délaissant les influences indiennes. Ce style qui renvoie à l’art du Gandhâra sous le règne des Kouchan, connaîtra son apogée aux IIe-IIIe siècles, et influera sur les cultures qui jalonnent la Route de la Soie jusqu’aux portes de la Chine.